L'origine de mon enquête correspond aux questions suivantes : pourquoi sont-ils qualifiés de racistes, xénophobes, sexistes et homophobes ? L'assument-ils entre militants ? Ma démarche était alors animée d'une volonté de comprendre les schémas de pensée discriminatoires qui les définissent.
L'enquête m'a permis de répondre à ces deux questions. D’une part, tous les membres rencontrés sont xénophobes, ce à quoi je m‘attendait puisque leur candidat défend un programme ouvertement xénophobe.
Mais d’autre part, je ne peux affirmer qu’ils soient tous racistes. La conclusion « ce sont tous des fachos » n’est pas suffisante et trop caricaturale. J'ai pu observer plusieurs profils de militants (cf. Qui sont les militants de Génération Z ?), et le racisme n’est pas partagé par tous, du moins pas ouvertement.
Tout d’abord, la plupart refusent l’étiquette raciste ou fasciste et même le label extrême droite. Pour eux, l’insulte est trop facile. Ils ne cherchent qu’à « sauver la France pour qu’elle reste la France » mais ne font pas de hiérarchie entre les races ni ne profilent des insultes ou des propos à caractère raciste. Ils se « limitent » à la xénophobie. En revanche, certains le sont et l’assument pleinement. Ceux-là, s’ils restreignent leur dires sur les groupes Telegram, n’hésitent pas, au fil d’une discussion, à ouvertement tenir des propos racistes. Cela a été parfois un festival ! (Cf. Paroles de militants) Si le racisme n'est pas commun à tous, il reste néanmoins présent au sein des groupes militants GZ.
Un sexisme intériorisé et omniprésent
Militants comme militantes, j'ai pu observer chez la plupart un profond sexisme.
Encore là, plusieurs profils se dégagent entre les militants qui tiennent des propos très sexistes, normalisés, qui cultivent le culte de la virilité, et ceux qui ont juste intériorisé les clichés sur les femmes.
Dans le premier profil, la vision des femmes est celle de la femme qui respecte son mari, qui éduque les enfants. L’homme a raison, la femme suit. Il y a cette profonde attache à la virilité de l’homme qui doit savoir se battre, défendre sa femme, ce que l’on retrouve beaucoup chez les SO notamment.
Dans le second profil, il s’agit plutôt de cultiver certains clichés. D’un sexisme systémique, -ne jamais demander à une femme de porter quelque chose de lourd ou de lui en déconseiller l'idée et l’aider- à un sexisme grossier -comme déclarer que les femmes conduisent mal ou sont hystériques-. Ce sexisme est institutionnalisé au sein des militants et militantes. À la suite de l’agression d’un groupe de colleurs par des antifas, l’ordre donné par le responsable : pour les prochains collages, les filles ne peuvent venir car ils [les hommes] ne sont assez nombreux pour les protéger, qu’ils ne peuvent s’occuper d'elles et d'eux-mêmes à la fois. Soi disant, elles seraient incapables de se défendre toutes seules contrairement aux hommes qui, peu importe leur taille ou leur physique, le peuvent.
Ce qui amène à un troisième profil : celui des militantes elles-mêmes qui cautionnent et ont intériorisé ce sexisme. Dans la situation expliquée ci-dessus, les femmes de l’arrondissement ne s’y sont pas opposées ou dénoncées ce sexisme flagrant. Ce dernier est logique, il va de soi. Ces militantes vont même jusqu’à accepter les clichés sur les femmes, y croire et les ressortir. Ce n’est pas sans étonnement que l'une d’entre elles me pose la question : « Tu trouves que les femmes conduisent aussi bien que les hommes ? On est d’accord qu’elles conduisent mal ?». En réalité, cette place de la femme décrite plus haut est totalement normalisée et provient surtout de leur éducation et de leur milieu social d'origine, point que je développe dans l’article Qui sont les militants ?
"Tu trouves que les femmes conduisent aussi bien que les hommes ? On est d’accord qu’elles conduisent mal ?"
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